samedi 8 décembre 2007

La liberté

La scène se passe dans un cachot du Moyen-Age. La pièce est sombre, sale, pleine de suie, de toiles d'araignées. Il y a un seau dans un coin, une bassine pleine d'eau dans un autre, une couche de paille. Un homme est étendu dessus, vêtu de haillons, il est sale, il a une barbe, les dents abimées, les cheveux longs.
Il somnole. Une porte dissimulée dans le mur qui lui fait face s'ouvre, une femme agée, rondouillarde, vêtue de blancentre. Elle a à la main une baguette type farces et attrapes à la main et sur la tête un chapeau en forme de nuage grossièrement fabriqué avec du coton. La porte se referme toute seule derrière elle.
Elle se poste debout, au centre de la très petite pièce et regarde l'homme.

féé: Hum Hum !

L'Homme ouvre les yeux, se retourne violemment.

homme: (grommelant) Saloperie de soupe frelatée... 'core un cauchemar.

Il paraît s'être rendormi. Agacée, la fée reprend.

fée: HUM HUM HUM !

L'homme s'assoit violemment sur sa couche, regarde la fée, se gratte la tête. Il est énervé.

homme: (aboyant) Quoi ? Merdre ! Depuis quand ça fait Hum Hum Hum un mirage ?

Il regarde l'étrange créature d'un air soupçonneux.

fée: (sourire figé, elle doit avoir des expressions faciales toutes faîtes et un tantinet exagerées) Bien l'bonjour jeune homme ! Je suis Fridome, la fée liberée qui libère les hommes!

Silence... On doit sentir que la fée est persuadée d'avoir fait une impression grandiose.

homme: Ouais, moi c'que j'vois d'ici c'est une truie habillée en mariée qui vient me réveiller alors t'expliques maintenant !

fée: (Son sourire s'est soudain étrangement évanoui pour laisser la place au désappointement le plus total. Elle se ressaisit) Je suis là pour te libérer mon enfant ! Si tu le souhaites d'un coup comme ça j't'endors tout l'monde, je t'ouvre la porte et tu t'envoles vers ton destin comme le Prince s'est enfui du chateau quand il a vu la gueule de la Princesse aux bois dormants qu'était pas si belle que ça. Ben oui, les conteurs, ils ont toujours tendance à extrapoler. (sentant dans le regard de l'homme qu'il est prêt à lui sauter à la gorge, elle revient à son sujet principal)
Mais d'abord il te faut expier tes fautes. Pourquoi es-tu ici Abba ?

homme: (Soudain intrigué) Vous connaissez mon nom ! Merdre alors.

fée: Et oui... Et je peux même te dire que dans quelques siècles un groupe de menestrels très célèbres porteront ton titre et chanteront des hommages à notre Reine.

homme: Notre bonne dame Dancyngue? C'est merveilleux !

fée: A voir, mais revenons à nos rognons. Alors ? Comment expliques-tu ta présence dans ce que tes contemporains nomment "l'antre infernale de l'horreur qui horrifie tout l'monde que même le lait des vaches y tourne quand elles en entendent parler" ?

homme: J'ai mal ferré le cheval du Seigneur.

silence pesant...

fée: C'est tout ?

homme: Ben oui.

re-silence pesant...

fée: Bien, bon. Et pour combien de temps ?

homme: Ma vie.

fée: (scandalisée) La vie ?

homme: Ba oui.

fée: (d'une voix très douce, de peur de heurter la sensibilité de l'homme qui lui paraît avoir le sang un peu trop chaud à son gout) C'est pas un peu excessif ?

homme: Naon, j'crois pas. (il réfléchit) C'etait le fidèle destrier de notre bon Seigneur Rocheforge quand même.

fée: (de plus en plus perdue) Bon Seigneur ?

homme: Ben oui il est bon, c'est notre seigneur alors il est bon.

fée: ah.

Silence gêné.

homme: Vous vouliez quoi déjà ?

fée: (se ressaisit) Te libérer.

homme: Ben pourquoi la vieille? Ch'suis bien ici moi !

fée: Hein ?

homme: J'ai une couche, de l'eau propre, à manger même des fois.

fée (de plus en plus interloquée) Mais... Et... Voir la nature ? Les oiseaux ? Les gens ? Sentir le vent froid faire danser ses cheveux ? Courir nu sur la plage ?

Silence

homme: C'est quoi la plage ?

Silence

homme: Sinon les gens y m'crachent dessus et les oiseaux j'les ai vu qu'sur les vitraux d'notre église alors... Au moins ici suis au sec.

fée: (découragée) Sûr de ton choix ?

homme: Ben oui.

Il se recouche. La fée reste immobile quelques secondes, pensive.

fée: Bon ben bonne nuit alors.

homme: (grommelant) C'est ça.

Elle s'en par là ou elle est arrivée. En coulisses on entend des pas, elle crie, des voix d'hommes, une cavalcade, une chute, elle crie à nouveau, un coup.

Voix off: Ca y est ! J'ai attrapé l'aut' timbrée ! Hubert crénon didjou vient m'aider à la remettre dans son cachot !


1 commentaire:

mil a dit…

hi hi ca m'rappelle quequchose (je sais pas quoi)