lundi 28 janvier 2008

Cruauté

Carnage


Un jour, il faudra que j'arrête d'avoir 14 ans.

Conseils Cuisine


Bonjour,
tout d'abord, je débuterai cette nouvelle cassette de "conseils, cuisinez tout à votre sauce" en précisant que le plus important pour réaliser cette recette est de toujours garder son calme. En effet même si cela requiert une parfaite maitrise du temps et de ses mouvements il faut savoir que certains ne parviennent au bout de leur souhaits à cause d'un tempéremment souvent facilement impressionable.
Ainsi, avant de débuter toute préparation adonnez vous à une séance de relaxation, pour ce faire il vous suffit de prendre la position du cygne irlandais, puis d'inspirer très profondément et d'expirer. Allez jusqu'au bout de votre souffle, n'hesitez pas à cracher vos poumons si vous etes un gros fumeur, un asmathique ou si vous souffrez d'un cancer des bronches, de la trachée ou des poumons susnommés. N'hesitez pas à renouveller l'operation si besoin est.
Une fois en plein possession de votre corps et de votre esprit, réfléchissez au meilleur moment pour passer à l'acte et n'oubliez pas de vous construire un alibi solide, le plus courant etant de se faire voir dans des endroits publics ou de participer à une partie de jambes en l'air tres bruyante dans un appartemment aux cloisons fines et avec un partenaire en qui vous avez parfaitement confiance.
Mais vous pouvez également faire preuve d'imagination (une visite à disneyland avec un mannequin au physique d'alien, très en vu en ce moment, ou même un voyage dans le tout nouveau boing d'air france). Une fois l'alibi parfaitement élaboré, choisissez l'arme et le lieu. Ainsi qu'une personne pouvant totalement être prise pour le coupable au cas ou votre alibi ne serait suffisant. Oui, il faut toujours assurer ses arrières.
J'oubliais, si vous vivez aux Etats Unis ou que votre crime se déroule dans ce joyeux paradis immoral assurez vous que l'etat dans lequel vous accomplirez votre mefait ne pratique pas la peine de mort, ce serait dommage qu'en cas d'échec (peu probable tout de meme si vous suivez mes conseils à la lettre) vous vous retrouviez vous meme sur l'échaffaud. Quelle ironie ce serait n'est ce pas ?
La personne que vous choisirez comme coupable potentiel doit être à peu pres du meme gabarit que vous, n'oubliez pas que la medecine a fait de gros progrès ces dernieres années et que si, par exemple, vous choisissez de battre à mort votre victime ou de la poignarder il se peut que celon votre taille et votre poids vous vous retrouviez dans des draps plutot nauséabonds.
Prenez de grandes précautions quand à l'ADN, le port de gants est obligatoire, et si vous etes sujet à la perte de cheveux n'hesitez pas à porter une charlotte de cuisinier sous votre cagoule, portez également des chaussures trop grandes ou trop petites (suivant la senbilité de vos pieds) si le lieu sur lequel vous avez jetté votre dévolu est à tendance boueuse ou tout simplement incrustable.
Votre arme devra être pleine d'empruntes de votre malheureux alter ego et vous devrez vous en débarrasser dans un endroit diamétralement opposé de celui ou vous jetterez le reste de votre équipement, brulez ce que vous pourrez et faites tres attention de ce que vous ferez du corps. Si vous le laissez en état sur le lieu du crime (faisant croire à un simple vol à main armé qui se serait mal terminé par exemple), surtout assurez vous bien que la victime est réellement décedée et impossible à réanimer (les miracles existent, on a vu plusieurs fois des urgentistes extremement qualifiés ramener à la vie des personnes cliniquement mortes depuis plusieurs minutes) car il peut vous arriver dans le feu de l'action de laisser echapper une quelconque onomatopée qui lui permettrait (on ne sait jamais) de vous reconnaitre lors d'un test vocal s'il devait vous arriver de comparaitre au commissariat.
Ne tentez en aucun cas une telle opération si votre casier judiciaire n'est pas vierge, une simple amende impayée peut vous amener loin si vous tombez sur un inspecteur de police particulierement zelé.
Si vous choisissez au contraire de vous débarrasser du cadavre préférez la crémation à la noyade, les corps finissant souvent par revenir à la surface suite au pourrissement rapide des extremités, vous pouvez également (rocambolesque mais deja vu) nourrir un animal carnivore avec (de préférence gourmand et insaciable) ou même (si vous avez l'estomac peu sensible) le dévorer vous même ou en compagnie de votre famille. Evitez de conserver le corps ou ce qu'il en reste trop longtemps chez vous, particulièrement si vous ne possedez pas de congélateur qui puisse le contenir entièrement.
Je finirai par quelques conseils de dernière minute, évitez les départs précipités suite à l'acte, s'il a été perpetué par appat du gain cachez l'argent extremement surement (dans une banque en Suisse en utilisant un faux nom par exemple) et si vous faites passer votre crime pour autre chose que ce qu'il n'est vraiment veillez à ce que ce soit crédible (un enfant est rarement sujet à un vol à main armé, un vieux monsieur est rarement violé, une jeune femme est rarement tabassée dans une guerre des gangs).
Voilà, j'espere que tout se passera bien, n'oubliez pas de détruire cette cassette avant de commencer toute operation, quitte à en racheter une nouvelle pour une seconde vengeance ou autre.
Je vous embrasse cher fideles à l'ecoute et vous dit à bientot dans un nouveau numero de "conseils, cuisinez tout à votre sauce".


mercredi 23 janvier 2008

Grenadine.

La scène est entièrement blanche, la lumière très crue, un homme est assis dans un coin, il se lève, s'adresse au public :

"Deja un quart d'heure de retard.
Heureusement, maintenant j'ai compris le truc, quand j'ai rendez vous avec elle, je me pointe avec un bouquin ou ma gameboy pour patienter. C'est dingue non ? Je pourrai arreter le foutage de gueule, lui crier haut et fort que j'en ai marre, que moi aussi j'ai droit au respect, qu'elle est qu'une conne de me faire poireauter à chaque fois comme un imbécile pendant une éternité, qu'elle me mérite pas, qu'elle est déphasée, stupide, capricieuse et souvent très mal habillée avec ces ridicules robes blanches super pas seyantes et mal nouées dans l'dos.
Mais non.
Je l'attend. Comme un connard je suis là à tourner en rond, à compter les secondes, les minutes, quand c'est pas les heures. Souvent on vient me chercher, on me dit d'arreter d'esperer, de me faire une raison, qu'elle a dépassé les bornes et que moi aussi du coup, qu'il suffit pas d'y croire pour que ça se fasse, qu'entre nous c'est foutu depuis la seconde ou on s'est rencontré, depuis la seconde ou on a su ce qu'on foutait là. Rien à battre, je l'attend, je l'attend, je l'attend. J'ai que ça à faire de toutes façons ici, je suis pas fait pour vivre ici, pour etre obligé d'inventer des tours hallucinants pour me retrouver seul, ou avec elle.
J'aime bien cette salle, c'est la seule ou ils pensent pas à venir nous chercher directement, on dirait la salle de l'oubli, celle qui est tellement énorme qu'on ne la voit plus. Un peu comme un monument devant lequel on passe tous les jours et qu'on finit par ne plus remarquer tellement il fait partie du décors. Un peu comme les couples qui sont ensemble depuis si longtemps qu'il ne se voient plus, qu'ils ont simplement l'habitude de l'autre. Un peu comme oublier de profiter de la vie tant qu'on est pas mort. Rah, faut que j'arrete les métaphores, à chaque fois je finis en sensiblerie, on dirait le bouquin de Drucker, ou du mauvais Lagarce. C'est pas sain en plus, déjà qu'mes neurones sont tous les jours moins nombreux à cause de mes cachets merdiques, si en plus j'les use à des fins philosophiconarcissicoconneriques ils risquent de s'autodétruire de désespoir genre "Harakiri les mecs ! on nous avait promis un nouveau Einstein, on tombe sur un remake de greg le millionaire sous Valium, on a pas d'autres solutions ! Y a plus qu'à espérer qu'on sera réincarnés dans le cerveau d'un cheval, eux au moins font des trucs excitants !" Ouais, je sais, idée saugrenue que la réincarnation de neurones bouddhistes et suicidaires, mais si vous me laissez parler aussi je peux aller loin.
Ca y est, une demi heure.
Elle va plus tarder j'espere.
Elle me manque vous savez.
Des qu'elle est plus là, même quand elle est la des fois, parce que je pense que bientot on sera séparés, encore, mes entrailles le supporte pas facilement, elles tiraillent comme des malades. Hupf, des malades...
Je l'appelle Grenadine, c'est con hein ? Ca fait très fleur bleue, genre roman à l'eau de rose qu'on lit en cachette des potes quand on est petit parce qu'on a peur qu'ils se foutent de nous.
Mais c'est pas vraiment un surnom romantique, c'est la seule chose qu'elle peut avaler, de la grenadine, sans eau rien, à la dur, cul sec. En plus ça lui va bien et ça lui fait la langue rose. Ils ont essayé de la bourrer d'autre trucs, ils ont tenté tout les gouts de sirop, la perfusion, tout, mais non, son corps refuse, il rejette tout, il spasme, il s'arrete même des fois dans la panique générale tout le monde hurle et lui il pause, stupidement, comme s'il boudait parce qu'il a pas eu c'qu'il voulait. Cette nana me rend fou.
Des fois je rêve que je l'emmene loin, dans ces pays très humides et chauds et que je lui fait gouter des grenades, personne veut me croire, ça fait trop de frais pour une minette un peu tarée de payer des fruits exotiques apparemment. Ca m'ennerve, je suis sur que ça marcherait, ça lui ferait des vitamines, ça la ferait vivre vraiment de voir qu'on peut évoluer. Mais y a personne ici, et même dehors d'ailleurs qui veut y croire, et comme c'est une gosse de la ddass et que toi t'es ici parce qu'on te croit dérangé du citron va faire comprendre aux gens que c'est important qu'elle vive, qu'elle existe encore et encore jusqu'à ce qu'elle soit plus qu'un tas de rides baveur comme presque tout le monde.
Trois quart d'heure.
J'espere qu'elle viendra, oh bordel faites qu'elle vienne. Trois fois qu'elle manque les rendez vous, et eux qui veulent rien me dire, eux qui ont pas confiance, eux qui croient qu'ils peuvent te controler parce que l'etat a signé un putain de papier leur donnant tout les droits sur toi, ton corps, ta tête, tes affaires, tes pensées. Et toi qui sait que tu vas bien, que t'es pas bizarre, anormal, déficient ou peu importe ce qu'ils en dise. Mais non t'as pas le droit de savoir, c'est pas parce que tu l'aimes que t'as ton mot à dire, d'ailleurs, qui sait si tu l'aimes vraiment ou si c'est pas encore tes neurones qui partent en réaction chimique genre "ouah putain c'est de la bonne celle là les gars ! Allez on s'en remet un petit !".
Salauds.
Moi je sais que si ça avait été la combustion neuronale j'aurai pas les douleurs ventrales. Je le sais, je le sais, je le sais."
Une sirène retentit
"Merde !
Ils m'ont reperé..."
Noir.


mardi 22 janvier 2008

Bien Fait.

On avance on avance regardez.

Alors du coup :

vendredi 18 janvier 2008

Ma Voisine


J'habite chez mes parents. C'est des vieux tout les deux. Ils travaillent, le matin mon père boit son café en lisant le nouvel observateur (ça doit être un grand voyageur super lui, parce que mon père, il le manque jamais et si on l'interrompt pendant qu'il lit il s'ennerve très vite). Après il ressert sa cravate très solennel, il me frotte la tête, il embrasse ma mère pour faire croire et il part. Après Mamou (c'est comme ça que j'appele ma mère, elle aime bien, ça lui donne l'impression que j'l'aime très fort, comme elle dit c'est tendre) elle m'emmene à l'école en gueulant parce que j'ai encore mis du nutella sur mon short. Puis elle part travailler. En gros oui, mes parents sont gentils, normaux, ils m'ennuient. On fait toujours pareil ensembles, toujours tout pareil. La semaine on mange devant la télé, le mercredi ma mere gueule parce que mon père rentre trop tard, le vendredi mon père gueule parce que mémé vient manger à la maison et qu'elle fait tout plein d'histoires si c'est pas du poisson, le samedi ils me couchent tôt pour pour se lire des histoires entre eux. Des fois on dirait vraiment qu'ils pensent que j'suis demeuré. Et le dimanche on va au cinéma voir un dessin animé. Chez moi c'est chiant. Du coup des fois j'm'enferme dans la salle de bain, j'aime bien, c'est le seul endroit ou on entend chez la voisine. Et ma voisine c'est Carolaine Tout. J'aime bien ça aussi. J'ai vu son nom sur sa boîte aux lettres. On dirait qu'y a une faute : Carolaine, comme si le mec de la mairie avait rajouté un a sans faire exprès et que du coup elle doît traîner ça toute sa vie. Comme moi je traîne mon mon ennui, elle elle traîne sa lettre. Du coup je nous invente plein de choses en commun. Quand j'entend les bruits de casseroles je la vois qui fait de la barbe à papa, des shtroumpfs en gélatine, des frites avec du vinaigre. Quand y a le bruit sourd de sa télé elle doit être en train de regarder des Charlot ou des vieilles comédies musicales pleines de claquettes. Quand j'entend rien c'est qu'elle est flâne entre les feuilles d'automne dans la rue et qu'elle vise toutes les flaques avec ses grandes bottes pour faire peur aux pigeons. Quand elle crie très fort c'est sûrement qu'elle arrive pas à trouver Charlie pommé en plein coeur du Caire. Et quand elle pleure c'est que y a personne pour chasser le monstre du placard de sa cuisine, celui qui avale tout les chocos la nuit en grognant comme le con de monstre qu'il est. Quand elle est pas là longtemps elle est partie faire le tour du monde en trotinette. Mais depuis un certain temps ma voisine Carolaine j'l'entendais plus du tout, et elle était plus là encore plus longtemps que les vacances d'été. Alors j'en ai conclu qu'elle s'était mariée en Inde avec un Emir très puissant qui porte un masque pour faire peur à ses sujets et qui fait très peur à tout les chefs de Pays du Monde aussi, même le français qu'est très téméraire. Alors j'étais bien pour elle, jaloux j'avoue, mais bien. Mais la dernière fois j'ai entendu la concierge expliquer au nouveau qu'a pris sa place et qu'est super silencieux comme mes parents : "La P'tite Tout ? Une histoire horrible ! Elle s'est jetée du haut de l'immeuble de son travail, sans mot ni rien, un mystère. Assez étrange, elle avait pourtant une bonne situation à c'qu'on dit la dmoiselle, une fille discrète mais gentille, calme surtout, jamais eu d'problèmes..." Moi je pense qu'elle a glissé en essayant de compter les vieux chewing gums collés en bas sur le trottoir du haut de son bureau pendant sa pose... Ma concierge elle dit beaucoup de conneries de toutes façons, comme si c'était moi qui avait pissé dans ses bégonias.


dimanche 13 janvier 2008

jeudi 10 janvier 2008

Violence matinale

Ca cogne aux carreaux.
Tip, tip, tip tip tip. Des fois tap, quand y a la goutte obèse qu'aime à ramener sa fraise. Discrètement, comme ça, alors qu'on est en plein moment de poesie, le regard perdu sur les toits, le ciel gris, on cherche les variences, une couleur eloignée qu'on attendait plus, un éclair de vrai blanc, une ombre de bleu, on regarde les flaques s'agrandir, les pigeons tenter de sauver leur peau, les gens courir se mettre à l'abri, les gosses emmerder leurs parents en sautant dans tout ce qui ressemble de près ou de loin à un lac dans lequel roderait un monstre inconnu particulièrement féroce, une vieille dame se battre avec son parapluie qui préfère obeïr au vent plutot qu'à sa pomme. Tip, tip, tip, tip, on les observe, ces p'tites choses qui s'ecrasent lamentablement contre notre fenêtre, qui glissent sans jamais parvenir à s'arrêter, qui se rassemblent, se séparent, forment des rivières, des minuscules cours d'eau qui s'alongent inlassablement jusqu'au terrible moment de la rencontre avec le bord en bois. Cruelle fin. Mais ça repart, d'autres arrivent, parfois plus fort, plus nombreuses, parfois plus éparses, plus douces, parfois plus rien aussi. Et tandis qu'on s'abandonne tranquillement dans notre contemplation, qu'on oublie que l'on est assis, un café fumant tronant sur la table, une cigarette à la main au bout de laquelle la cendre est prête à craquer, à s'écrouler sans rien nous dire, tip tip tip tip tip, et là, le terrible TAP. Ce tap qu'on n'attendait plus, ou pas, ce tap qui nous sort de notre semisommeil, ce tap qui nous fait sursauter, qui sème la pagaille, qui fait tomber la cendre, qui force notre genou à cogner le coin de la table, que du coup la table saute et le café avec, ce tap qui nous rappelle qu'on a rendez-vous dans une heure, à l'autre bout de paris, ce tap frissonant, cruel que l'on oublie uniquement quand on se perd entre les gouttes et que l'on ressent tout au long de notre journée. Car oui, bien sur, comme tout autre traumatisme ce tap nous hante, nous bousille, élément naturel qui nous force à retourner à la réalité. Comme le reveil hurle le tap nous sonne et nous perd. Le tap suivi de ses lamentables congénères, le tap violent, le tap dont on adorerait pouvoir se venger. Le tap qui heureusement, finit par mourir avec le depart des nuages, mais que l'on regrette bien vite, finalement, des le retour du soleil, trop égal à lui-même, trop brillant, trop parfait et sans surprise.