jeudi 10 janvier 2008

Violence matinale

Ca cogne aux carreaux.
Tip, tip, tip tip tip. Des fois tap, quand y a la goutte obèse qu'aime à ramener sa fraise. Discrètement, comme ça, alors qu'on est en plein moment de poesie, le regard perdu sur les toits, le ciel gris, on cherche les variences, une couleur eloignée qu'on attendait plus, un éclair de vrai blanc, une ombre de bleu, on regarde les flaques s'agrandir, les pigeons tenter de sauver leur peau, les gens courir se mettre à l'abri, les gosses emmerder leurs parents en sautant dans tout ce qui ressemble de près ou de loin à un lac dans lequel roderait un monstre inconnu particulièrement féroce, une vieille dame se battre avec son parapluie qui préfère obeïr au vent plutot qu'à sa pomme. Tip, tip, tip, tip, on les observe, ces p'tites choses qui s'ecrasent lamentablement contre notre fenêtre, qui glissent sans jamais parvenir à s'arrêter, qui se rassemblent, se séparent, forment des rivières, des minuscules cours d'eau qui s'alongent inlassablement jusqu'au terrible moment de la rencontre avec le bord en bois. Cruelle fin. Mais ça repart, d'autres arrivent, parfois plus fort, plus nombreuses, parfois plus éparses, plus douces, parfois plus rien aussi. Et tandis qu'on s'abandonne tranquillement dans notre contemplation, qu'on oublie que l'on est assis, un café fumant tronant sur la table, une cigarette à la main au bout de laquelle la cendre est prête à craquer, à s'écrouler sans rien nous dire, tip tip tip tip tip, et là, le terrible TAP. Ce tap qu'on n'attendait plus, ou pas, ce tap qui nous sort de notre semisommeil, ce tap qui nous fait sursauter, qui sème la pagaille, qui fait tomber la cendre, qui force notre genou à cogner le coin de la table, que du coup la table saute et le café avec, ce tap qui nous rappelle qu'on a rendez-vous dans une heure, à l'autre bout de paris, ce tap frissonant, cruel que l'on oublie uniquement quand on se perd entre les gouttes et que l'on ressent tout au long de notre journée. Car oui, bien sur, comme tout autre traumatisme ce tap nous hante, nous bousille, élément naturel qui nous force à retourner à la réalité. Comme le reveil hurle le tap nous sonne et nous perd. Le tap suivi de ses lamentables congénères, le tap violent, le tap dont on adorerait pouvoir se venger. Le tap qui heureusement, finit par mourir avec le depart des nuages, mais que l'on regrette bien vite, finalement, des le retour du soleil, trop égal à lui-même, trop brillant, trop parfait et sans surprise.

1 commentaire:

mil a dit…

j'pensais exactement (enfin presque) la meme chose hier