samedi 2 février 2008

La sequestration


Nous allons ici raconter l'histoire d'un homme. Cet homme vous l'avez peut être déjà croisé, ou en tout cas un de ces homologues. Vous savez cet homme à l'histoire banale, qui fait des envieux, des jaloux, mais qui indiffère aussi, souvent. Cet homme qui nait, qui grandit, comme tout un chacun il évolue, il se construit une existence heureuse, il prépare sa retraite, en travaillant dur, mais à prix coutant. Cet homme, les ennuis, il ne connaît pas. Il n'a jamais connu. Il s'est toujours bien conduit, il a toujours lavé son linge sale en famille. Plus fort que ça il n'a jamais eu de maladie nécéssitant une hospitalisation, qu'elle soit brève ou prolongée, il n'a jamais subi d'opération chirgucale (même sa dentition est correcte). Il se coupe lui-même les cheveux, sait se servir du fil dentaire et aime à conserver une barbe de trois jours, soignée toutefois, parce qu'avec son écharpe, ça fait bohème. Et être bohème, ça lui plaît, ça lui permet de lire Debord sans regrets. Et de se sentir superieur. Cet homme (appelons le l'homme tout simplement), a épousé une femme parce qu'elle lui ressemblait : les cheveux dans le vent et les pieds sur terre. Et parce qu'il s'est assuré que "fertile ? Oui, elle l'était.". Il en est même tombé amoureux. Et puis, il s'entendait bien avec ses parents. Alors ils ont fait des enfants, puisque leurs métabolismes le leur permettait. Et leurs comptes en banque. Bien sur. Deux, par chance une fille et un garçon, il faut savoir être polyvalent. Adorables d'ailleurs, polis, inventifs, calmes et affectueux juste quand il faut. Eux non plus pour l'instant, ils n'ont pas de problemes, puisqu'ils sont bons à l'école, en bonne santé et qu'ils sont génétiquement bien dotés (sûrement pas homosexuels). Et oui, pour eux, pareil, ça roule comme sur des roulettes, comme il aime à plaisanter, l'homme. Oui, car il sait être caucasse aussi. Et il sait recevoir, des recettes de famille attention, pas le traiteur, sa femme est un vrai petit cordon bleu, il faut bien que ce soit utile ! Et quand il reçoit, l'homme, c'est en grande pompe, les amis, les copains, les relations de travil, un petit peu de famille pour faire bien, avec les enfants qui font un spectacle pendant l'apéritif, et qui vont se coucher après sous les applaudissents polis de l'assistance amusée. L'homme est sportif, il fait du tennis le week-end avec son beau-père, et du pilate tout les matins pour se détendre et rassembler ses energies positives.
Il fait l'amour à sa femme, poliment, rarement intensément (sauf s'il est pompette après une soirée un tantinet trop arrosée et qu'il oublie quelque peu la bienséance), jamais violemment car il aime à garder le contrôle de son corps et de son esprit. Souvent sa femme jouie, il en est sûre puisqu'elle gémie joliemment, mais enfin, ils n'en parlent jamais, à quoi bon puisqu'il ne lui est jamais arrivé de se plaindre.
L'homme voyage pour les vacances, deux fois par an, à noel et pendant l'été jusqu'à sa résidence secondaire à la Montagne, pour se ressourcer, ils partent sa famille et lui, généralement accompagnés d'un couple d'amis avec qui ils ont acheté la maison et ils passent de bons moments entre eux, à rencontrer l'habitant, faire le marché, se promener. L'homme entretient de bonnes relations avec ses collègues de travail, c'est un champion de la blague à l'heure de la pause, il sait faire rire ses contemporains autour d'un petit torréfié à 50 centimes et s'amuse à créer une ambiance bonenfant à l'heure du repas. Au moment de payer l'addition il ajoute toujours un peu de monnaie à ses tickets restaurants pour s'offrir une douceur. Il faut savoir se faire plaisir. L'homme aime sa vie, il se délecte de chaque moment passé avec les siens, de chaque instant parfait qui fait son existence. Et il prie souvent dieu, on ne sait jamais, pour le remercier. Malheureusement, un beau jour, l'homme va voir son bonheur basculer. Alors qu'il est tranquillement dans l'ascenceur de l'immeuble C ou séjourne son entreprise, et qu'il descend les étages puisqu'il vient de finir de travailler, il est souvent le dernier à partir il a toujours été un perfectioniste, la lumière se met à clignoter, pensant vaguement à un problème d'ampoules assez fréquent du à la négligence de l'assistance technique de la compagnie d'entretien d'ascenceur, il ne s'inquiete pas plus que ça et se remet à penser aux derniers chiffres qu'il vient d'entrer dans la base de données de son ordinateur. Mais le phénomène persiste, et la lumière finit par s'éteindre définitivement. A ce moment là, le cerveau de l'homme commence à s'agiter, il se demande si cela peut etre consideré comme usuel mais puisque l'ascenceur est toujours en mouvement il retourne à ses calculs et chasse son inquiétude, sentiment tout nouveau, en la mettant sur le compte des raviolis du midi, qui n'avaient pas l'air si frais que ça. Et soudain, c'est le drame. L'ascenseur s'arrete. Et tout se bouscule dans sa tete. Il commence par se dire que les frissons habituels qu'il ressent dans le ventre provoqués par le mouvement de la machine ne sont plus là, c'est donc qu'il n'hallucine pas à cause de l'indigestion supposée. Puis il se met à chercher le bouton à utiliser en cas d'urgence, mais alors qu'il s'acharne dessus il comprend que l'électricité ne fonctionne plus et que c'est pour cela que l'ascenceur s'est arrêté. Les fourmillements reprennent, il est satisfait mais se rend rapidement compte qu'ils ne se situent plus dans son estomac mais dans ses jambes, qui se mettent d'ailleurs rapidement à trembler. Il réalise qu'il a peur. Et il sait pourquoi. Les gens de la sécurité de l'immeuble ont leur QG dans les sous sols du building, il n'y a donc aucune chance qu'ils l'entendent s'il tente d'appeler à l'aide. Le reste du batiment est totalement vide, les gens sont retournés retrouver leurs canapés depuis longtemps maintenant. Il est coincé. Il est seul. Et il risque rapidement de manquer d'oxygène. Il s'éfforce de rationaliser, de retrouver une respiration normale, de calmer ses nerfs. Mais il n'y parvient pas, son coeur s'accélère. Il commence à avoir chaud. Très chaud. Il transpire maintenant. Ses neurones s'affolent, il pense à sa femme qui doit l'attendre en faisant réchauffer son diner. Elle est habituée à ses retards ponctuels mais sans jamais se méfier. Elle sait que c'est un homme droit, honnête. Il voit ses enfants, dormir profondémment dans leurs chambres respectives, rêvant de ce qu'ils ont fait dans la journée ou de ce qu'ils aimeraient être plus tard astronautes ou vétérinaire. En sachant au fond d'eux qu'ils finiront avec une bonne situatuion dans un bureau avec téléphones et unités centrales. Puis il se souvient quand il était petit et que lui-même avait des visions d'étoiles, de foules en délire et de chevaux galopant dans le desert alors qu'il chantait qu'il était un cow-boy solitaire. Et le paysage change il voit sa première petite amie, son appareil dentaire brillant dans le soleil couchant alors qu'il l'embrasse pour la première fois dans le parc à côté de chez lui . Il se souvient de la première fois qu'il a fait l'amour, qu'elle était belle malgré ses kilos en trop et qu'il l'a aimé parce qu'ils parlaient longtemps, qu'elle était intelligente et drole et qu'il était triste finalement de la quitter pour aller faire ses études autre part. Son corps frissone entièrement maintenant, il se recroqueville au sol, le souffle lui manque. Il sent sur sa peau le contact de sa mère, son odeur aussi, un peu aigre de la vieillesse, il voit le regard fier de son père lorsqu'il lui ramène son brevet, son bac, son permis, ses premières feuilles de paie. Il se rappelle cette fille qu'il a vu ce matin, et cette envie subite de lui arracher ses vêtements, très vivement réprimée. Mais maintenant son corps devient fou, son sexe entre en erection, il ne contrôle plus rien, ça le secoue encore plus, il transpire toujours, ses cheveux lui collent aux joues. Il voudrait hurler mais aucun son ne sort de sa bouche. Il essaye de dénouer sa cravatte mais ses membres refusent de lui obeir. Il sent ses abdominaux sauter, ça lui fait mal. Horriblement mal. Il se cogne de partout sans pouvoir en saisir la raison. Et il voit son grand-père, le regarder sans rien dire, comme s'il était déçu, mais il ne se rappelle pas pour quelle raison. Son bras gauche le lance maintenant, la douleur devient insoutenable. Il essaye de se relever mais il oublie tout de suite pourquoi il a appuyé son bras au sol. Il pleure ça y est, il sent les larmes couler sur ses joues, sa peau devient extrêment sensible. Il a froid. Il grelotte. Il a des envies de feu de cheminée, de chocolat chaud, de ce copain qu'il avait oublié et qui lui a raconté une sacré bonne blague pour lui faire penser à autre chose qu'au fait qu'il avait mal quand il s'est cassé la figure en ski quand il était petit. Il est totalement immobile désormais, presque paisible, son bras est toujours sensible mais il ressent comme des vagues à l'interieur. Et son coeur est plus calme également, comme s'il avait finalement compris qu'il n'y a rien à craindre. Que tout est bientot fini, qu'il sera au chaud rapidement sous sa couette réchauffant ses pieds contre ceux de sa femme. Il traverse une mer, debout sur un radeau main dans la main avec Marilyn Monroe et son grand-père, encore, à qui il ne cesse de dire pardon. L'image s'éfface, il est dans l'eau. Il se laisse couler, peu à peu sa bouche se remplit mais c'est délicieux. Ca a le gout d'un bon vin. D'un après midi sous la pluie bretonne. Il atteint le fond ça y est, tout est silencieux maintenant, sombre, paisible. Il sent ses yeux se fermer. Il entend cette chanson, il en était sur qu'il l'avait entendu un peu en descendant, cette chanson... Because you know something is happening here but you don't know what it is... Do you. Mister Jones ?
Tiens, il s'endort...

2 commentaires:

mil a dit…

je crois que je l'ai déjà dit mais je me repete: blanc sur noir ca fait mal aux yeux pour lire.

zzsvwz a dit…

roah l'aut'
ça va mieux la ?